Email: marotta.juliette@gmail.com
Statut: doctorante
Anne d’inscription: 2014
Directeurs de thèse: Christian Bonnet et Guy Gimenez
Titre de la thèse :
LA BANDE DESSINEE ENTRE SEMIOTIQUE ET PSYCHANALYSE
Problématique :
Cette recherche porte sur la bande dessinée dans le champ clinique de la créativité et des médiations thérapeutiques, et plus spécifiquement sur ce qui fait la spécificité du système signifiant de ce média. Je pars du constat que la bande dessinée a fait l’objet de nombreux écrits de la part de Serge Tisseron, elle n’en reste pas moins très peu utilisée dans le champ des médiations artistiques où elle n’a fait l’objet d’aucune théorisation unifiée quant à ses qualités matérielles, cliniques et signifiantes dans le champ spécifique de la psychopathologie et de la psychologie clinique. Si Tisseron rend compte de sa complexité et de ses potentialités à signifier des contenus inconscients (dans le cadre néanmoins très restreint d’une production professionnelle de grande envergure : celle d’Hergé) c’est au champ de la sémiotique que reviennent les théorisations les plus complètes et complexes quant au système signifiant de la bande dessinée. Cette recherche s’attachera à concilier sémiotique et psychanalyse pour appréhender le média bande dessinée dans toute sa complexité et au regard de la clinique de la création et des médiations thérapeutiques.
L’objet bande dessinée est souvent considéré comme le frère boiteux de l’écriture, d’autant qu’il en emprunte certains procédés : la lecture linéaire de gauche à droite, les mots écrits sous forme de phrases et la présence d’unités organisées en systèmes signifiants. Toutefois, loin d’être dans un rapport d’homologie au langage des mots, la bande dessinée se constitue comme un objet hybride, entre image et écrit, illusion de profondeur et espace plane du mot, foisonnante présence du visuel et évidente absence du blanc inter-iconique. Tout cela est découpé et assemblé au gré d’un maillage signifiant propre à la bande dessinée, et qui, selon les mouvements projectifs en jeu lors de la création de la planche, peut être infiltré des désirs, fantasmes et vécus informes du dessinateur. Ce maillage signifiant se construit à partir des caractéristiques formelles et narratives spécifiques de ce média et constituent des « potentialités » symbolisantes plus ou moins investies par le patient selon sa problématique, ses sensibilités et ce qui reste pour lui énigmatique et en attente de sens. Ces potentialités dépendent également de la matérialité propre de la bande dessinée qui la constitue comme attracteur de vécus ou éprouvés sensori-moteurs et pourraient favoriser l’émergence ou la réactivation de certains contenus psychiques informes et impensés.
Cette recherche s’attachera à comprendre ce qui fait la spécificité du système signifiant de la bande dessinée en tant que structure formelle et narrative, et dans la perspective d’éclairer quel en est le maillage signifiant. Tout cela dans le but de saisir quelles en sont les qualités cliniques dans le champ de la création et de quelle manière ce média peut mettre en lumière certains vécus ou processus psychiques chez le patient créateur. En outre, cette recherche s’attachera à comprendre de quelle manière la création d’une bande dessinée peut participer d’un processus de mise en forme et de transformation de certains éléments psychiques.
Mots-clés :
Bande dessinée, sémiotique, psychanalyse, analyse structurale, clinique de la création
Publication AERES :
Marotta, J.Bonnet, C & Gimenez, G. (2018). « La bande dessinée comme scène psychique : entre séquentialité et dé-mesure », Cliniques méditerranéennes (n° 97), p. 257-270.
Marotta, J.Bonnet, C. & Gimenez, G. (sous presse). “De quelques apports psychanalytiques au système signifiant de la bande dessinée”. Recherches en psychanalyse.